Publié dans Politique

Braconnage dans la SAVA - Les lémuriens vendus à 20 000 ar

Publié le mardi, 07 juin 2022

Ils bénéficient d’une protection absolue sur tout le territoire de la République malagasy et ne peuvent être ni chassés, ni capturés, ni être détenus. Eux, ce sont les Eulemur coronatus ou Lémuriens couronnés. Et comme toutes les autres espèces de lémuriens, ils font partie des espèces protégées de catégorie 1 dans le classement des espèces de faune sauvage. Pourtant, récemment, les policiers de la direction régionale de la sécurité publique de SAVA ont arrêté deux braconniers durant un contrôle de routine à Maintialana, à 3 km de Vohémar.

Les individus ont été appréhendés pour détention et transport illégaux de lémuriens. En tout, 46 lémuriens couronnés ont été saisis dont seulement un individu était encore vivant. Les lémuriens ont été capturés dans l’aire protégée de Loky Manambato et étaient destinés à être revendus à un prix de 20 000 ar à Sambava. Un prix dérisoire appliqué dans une pratique, malheureusement courante chez certains malagasy dans la mesure où ces derniers sont loin d’être aux faits des sanctions encourues par rapport au mauvais traitement ou au trafic de ce genre d’espèce hautement protégée. En effet, selon la loi : « La possession, l'achat, l'offre d'achat, l'acquisition à des fins commerciales, l'utilisation dans un but lucratif, l'exposition au public à des fins commerciales, la vente, la détention pour la vente, la mise en vente et le transport pour la vente de tout spécimen appartenant à une espèce protégée sont passibles d'une peine de six mois à deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 10 000 000 ar à 50 000 000 ar ». Par ailleurs, tout prélèvement d’animaux  venant d’une aire protégée constitue un crime passible de 5 à 10 ans de prison et d’une amende pouvant aller de 100 millions à 2 milliards d’ariary selon la loi n° 2015 -005 du 26 février 2015 portant refonte du Code de gestion des aires protégées. Dans tout cela, le Lémurien couronné est classé en danger d’extinction (EN) sur la liste rouge de l’UICN ou Union internationale pour la conservation de la nature. Par ailleurs, les lémuriens représentent une espèce emblématique de Madagascar. Cependant, 105 sur les 112 espèces de lémuriens recensées dans le pays, soit près de 95%, sont actuellement menacées d’extinction. Parmi lesquelles, 38 espèces sont critiquement en danger, 44 espèces en danger et 23 autres vulnérables. En tout, douze espèces de plus sont menacées de disparition par rapport aux dernières statistiques en date. A part le braconnage, la destruction généralisée de leur habitat naturel par l’agriculture sur brûlis, l’exploitation forestière et minière illégale, la production de charbon ainsi que la chasse et le trafic en sont les principales causes. « Nous tenons à féliciter les autorités pour les mesures rapides et fermes prises. Cependant, l’affaire ne doit pas s’arrêter là. Il est crucial que l’enquête policière en cours dans la Région de SAVA soit menée jusqu’à son terme pour identifier les tenants et aboutissants de cette activité illégale et permettre son démantèlement ; sanctionner les personnes impliquées du collecteur au consommateur final en passant par chaque maillon de cette chaîne criminelle. La loi est claire et elle doit être appliquée. La non-application de la loi, et l’impunité sont trop souvent les maillons faibles qui anéantissent les efforts des conservationnistes, des communautés locales et des gestionnaires d’aires protégées qui travaillent pour la protection de la biodiversité de Madagascar depuis plusieurs années, souvent dans des zones reculées et dans des conditions parmi les plus difficiles », martèlent les responsables du WWF.

Hary Rakoto

 

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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